mercredi 23 mai 2018
Quelque chose s’est mal passé dans l’Union européenne (UE). Quatre exemples témoignent de ce désordre.
Comment justifier que des centaines de milliers de sociétés boîtes aux lettres aient été autorisées à se développer, bien que leur seul but soit d’échapper aux taxes, aux lois du travail et aux réglementations ?
Comment expliquer que des décisions de la Cour européenne de justice autorisent la restriction des droits fondamentaux des salariés ?
Comment ne pas être scandalisé par les révélations régulières, telles que celles des « Panama Papers » et des « Paradise Papers », qui montrent l’incapacité de l’UE à empêcher le contournement des règles fiscales par les particuliers fortunés et les grandes entreprises ?
Comment accepter qu’en dépit de drames tels que celui du Rana Plaza, de nombreuses entreprises continuent de fermer les yeux sur des fournisseurs qui ignorent les droits sociaux, environnementaux et humains les plus élémentaires ?
Depuis les années 1990, les profits ont augmenté au détriment des salaires
La théorie de la « suprématie actionnariale » a été promue par la Commission européenne alors que l’économie réelle et les salariés ont été oubliés dans le processus.
En conséquence, depuis les années 1990, les profits ont augmenté au détriment des salaires. Cela n’a pas de sens, car les salariés sont une partie constituante des entreprises : tandis que les actionnaires apportent du capital, les salariés investissent leur temps, leurs compétences et leur vie.
C’est pourquoi il est temps de repenser la place des plus de 140 millions de salariés de l’UE travaillant dans les entreprises. Les élections pour le Parlement européen ont lieu dans un an, et nous souhaitons que le prochain débat soit fondé sur de bonnes bases.
Nous croyons profondément qu’il est vital que les cinq réformes suivantes soient lancées :
Les réformes mentionnées ci-dessus n’épuisent pas le champ des possibles, mais elles disent le sens de la réforme attendue : les salariés de l’UE ne peuvent plus continuer à être exclus de la construction européenne.
Ces réformes vitales, socle des nouveaux droits et devoirs dans l’entreprise, esquissent un nouveau modèle européen capable d’unir des Etats aux droits trop fragmentés, un nouveau modèle européen qui nous différencie des modèles anglo-saxons et du capitalisme asiatique.
Un nouveau modèle européen héritier d’un humanisme qui doit devenir une force dans la mondialisation. Il est temps de changer !
Cette tribune, a été publiée dans le journal Le Monde le 14 mai, signée par Luc Bérille au côté de quatre cent vingt personnalités françaises et européennes, issues de la politique, du syndicalisme et de la recherche.